<Le chant - rôle de l'échange culturel>

-J'ai entendu que vous dessinez les costumes de scène vous-même. Est-ce vrai que vous avez créé une robe en mettant le tissu directement sur votre corps sans utiliser de patron?
 
ANNA : Je dessine presque tout moi-même.Ca me fait très plaisir de dessiner avec l'image des chansons en réfléchissant à la mise en scène.
 On m'a donné un formidable tissu en dentelle l'année dernière. Quand je l'ai mis sur moi, j'ai eu une idée et j’ai déssiné le modèle spontanément. C’était un tissu très délicat avec peu de jointure, j'étais très prudente pour le couper. C'est cette robe que j'ai crée avec ma manageuse.
 J'ai bénéficié d'une bonne image avec cette robe au concert . Après ça, j'ai encore crée une autre robe avec un tissu de kimono de la même manière. J’étais impressionée de pouvoir créer des robes en aussi peu de temps. C'est grâce à ma manageuse qui m'a donné un coup de main et je la remercie!

-Vous vous investissez énormément dans votre chant. Qu'est-ce que le chant pour vous?
 
ANNA : C'est ma propre vie, c’est mon âme précieuse.
 
-Nous avons été surpris par votre album "Omoï" qui s’éloigniait de l'idée que l’on se fait du tango. Pour la première fois dans l'histoire du tango vous intérprétez en japonais des chansons populaires du monde entier, des berceuses et des chansons d’enfant. Comment vous est-venue cette nouvelle idée?
 
ANNA :  J’ai voulu sensibiliser les japonais au tango. Reprendre sur le rythme du tango de vieilles chansons que l'on écoutait et chantait dans notre enfance redonne une impression de vie..... Cette idée a bien marché à l'étranger. J’étais très heureuse que le public ressente de l’émotion au delà des mots dans cet album.
 Je pense que c'est très difficile de recevoir quand on essaye de nouvelle chose , mais on ne peut pas trouver son chemin sans challenge... En se donnant de plus en plus de challenges, le chemin grandit. Pour moi, c'est de continuer à donner des concerts à l'étranger.
 Pendant le concert parisien l'année dernière, un journaliste m’a félicité pour ma persévérance à développer un nouveau tango. "Ce que vous faites maintenant  ressemble au premiers tangos de l'origine à Buenos Aires. Le tango est un mélange de plusieurs sortes de musiques du monde entier..Le tango d'ANNA SAEKI est un retour aux sources dans le sens où il mélange plusieur sortes de musiques....Cette voie va  autant faire grandir le monde du tango que Piazzolla le fit à l’époque. " Ce qu’il m’a dit m'a donné beaucoup d’espoir et m’a fait plaisir.

 
-A Paris, Vous chantez en tenue de Kimono des morceaux de Piazzolla en espagnol avec des musiciens parisiens , à NY, vous chantez en tenue l’ao dai(costume traditionnel vietnamien) brodée avec des motifs de cerisiers en fleur, des morceaux vietnamiens avec des musiciens new-yorkais. Derrière cette clarte, votre concert semble unir les cultures du monde entier.
 
ANNA : Merci infiniment. Je suis heureuse que vous ressentez cela. Mon souhait est de créer par le chant un échange culturel international. Pour mes concerts àl'étranger, Je voulais porter autant que possible le kimono de la culture traditionelle japonaise. Je souhaitais que les gens découvrent la culture avec les yeux. J'ai fait de même avec la chanson vietnamienne du nouvel album, j'ai décidé de porter l'ao dai pour tous les concerts.
Je me souviens encore de cette phrase de l'ambassadeur argentin à New York ; "je pense que ce que vous faites sert d'intermediaire entre les Etats-Unis, l'Argentine,et le Japon..." Je m'efforce de continuer dans ce sens petit à petit.

 
-Il y a des morceaux que vous produisez vous-même pour la première fois dans le nouvel album. Comment l'enregistrement s'est-il passé?
 
ANNA : Eh bien... J'ai enregistré écrit et produit deux morceaux à Berlin. Lors de l'enregistrement, j'ai vecu à travers le chant une nouvelle experience:  "Anatato tomoni (avec toi) - ano uta-". J'ai pleuré pendant le chant et cela a créé de l'empathie autour de moi. De l'autre côté de la cabine d'enregistrement, les ingenieurs ont penché leurs têtes vers moi en se demandant ce qui se passait. Ils ont dit; "nous ne comprenons pas le japonais (comme le texte de morceau est en japonais) mais nous ressentons l'emotion des paroles". Nous n'avons fait qu'une seule prise. Les ingenieurs et le personnel en avaient les larmes aux yeux. En sortant de la cabine, ils ont applaudi chaleureusement et m'ont dit "c'est formidable!". la seconde chanson "Déaï (rencontre) -ichigo ichie-" est un morceau très dramatique. Je me sens vraiment heureuse d'avoir pu faire cet enregistrement émouvant avec cette formidable équipe.