-Vous vous investissez énormément dans votre chant.
Qu'est-ce que le chant pour vous?
ANNA : C'est ma propre vie, c’est
mon âme précieuse.
-Nous avons été surpris par votre album "Omoï"
qui s’éloigniait de l'idée que l’on
se fait du tango. Pour la première fois dans l'histoire
du tango vous intérprétez en japonais des chansons
populaires du monde entier, des berceuses et des chansons d’enfant.
Comment vous est-venue cette nouvelle idée?
ANNA : J’ai voulu sensibiliser
les japonais au tango. Reprendre sur le rythme du tango de vieilles
chansons que l'on écoutait et chantait dans notre enfance
redonne une impression de vie..... Cette idée a bien marché
à l'étranger. J’étais très heureuse
que le public ressente de l’émotion au delà
des mots dans cet album.
Je pense que c'est très difficile de recevoir quand
on essaye de nouvelle chose , mais on ne peut pas trouver son
chemin sans challenge... En se donnant de plus en plus de challenges,
le chemin grandit. Pour moi, c'est de continuer à donner
des concerts à l'étranger.
Pendant le concert parisien l'année dernière,
un journaliste m’a félicité pour ma persévérance
à développer un nouveau tango. "Ce que vous
faites maintenant ressemble au premiers tangos de l'origine
à Buenos Aires. Le tango est un mélange de plusieurs
sortes de musiques du monde entier..Le tango d'ANNA SAEKI est
un retour aux sources dans le sens où il mélange
plusieur sortes de musiques....Cette voie va autant faire
grandir le monde du tango que Piazzolla le fit à l’époque.
" Ce qu’il m’a dit m'a donné beaucoup
d’espoir et m’a fait plaisir.
-A Paris, Vous chantez en tenue de Kimono des morceaux de Piazzolla
en espagnol avec des musiciens parisiens , à NY, vous chantez
en tenue l’ao dai(costume traditionnel vietnamien) brodée
avec des motifs de cerisiers en fleur, des morceaux vietnamiens
avec des musiciens new-yorkais. Derrière cette clarte,
votre concert semble unir les cultures du monde entier.
ANNA : Merci infiniment. Je suis heureuse
que vous ressentez cela. Mon souhait est de créer par le
chant un échange culturel international. Pour mes concerts
àl'étranger, Je voulais porter autant que possible
le kimono de la culture traditionelle japonaise. Je souhaitais
que les gens découvrent la culture avec les yeux. J'ai
fait de même avec la chanson vietnamienne du nouvel album,
j'ai décidé de porter l'ao dai pour tous les concerts.
Je me souviens encore de cette phrase de l'ambassadeur argentin
à New York ; "je pense que ce que vous faites sert
d'intermediaire entre les Etats-Unis, l'Argentine,et le Japon..."
Je m'efforce de continuer dans ce sens petit à petit.
-Il y a des morceaux que vous produisez vous-même pour la
première fois dans le nouvel album. Comment l'enregistrement
s'est-il passé?
ANNA : Eh bien... J'ai enregistré
écrit et produit deux morceaux à Berlin. Lors de
l'enregistrement, j'ai vecu à travers le chant une nouvelle
experience: "Anatato tomoni (avec toi) - ano uta-".
J'ai pleuré pendant le chant et cela a créé
de l'empathie autour de moi. De l'autre côté de la
cabine d'enregistrement, les ingenieurs ont penché leurs
têtes vers moi en se demandant ce qui se passait. Ils ont
dit; "nous ne comprenons pas le japonais (comme le texte
de morceau est en japonais) mais nous ressentons l'emotion des
paroles". Nous n'avons fait qu'une seule prise. Les ingenieurs
et le personnel en avaient les larmes aux yeux. En sortant de
la cabine, ils ont applaudi chaleureusement et m'ont dit "c'est
formidable!". la seconde chanson "Déaï (rencontre)
-ichigo ichie-" est un morceau très dramatique. Je
me sens vraiment heureuse d'avoir pu faire cet enregistrement
émouvant avec cette formidable équipe.